AVERTISSEMENT : si vous pensiez que choisir le bois de votre terrasse se résumait à « clair ou foncé ? », vous allez découvrir que c’est un peu plus subtil que ça. Rassurez-vous : on va tout décortiquer, sans jargon inutile, pour que votre future terrasse soit belle, durable… et dans le budget.

    Bois pour terrasse : commencer par se poser les bonnes questions

    Avant même de parler d’essences de bois, la vraie question est : comment va vivre votre terrasse ?

    Quelques points à éclaircir :

    • Exposition : plein sud sans ombre, ou terrasse abritée ?
    • Usage : repas de famille occasionnels, ou vraie pièce de vie extérieure 6 mois par an ?
    • Climat : région sèche et chaude, climat humide, gel fréquent ?
    • Niveau d’entretien accepté : vous aimez passer une après-midi à bichonner votre terrasse, ou vous préférez l’option “je nettoie vite fait au printemps” ?
    • Budget : on est sur du “on optimise”, ou sur du “investissement long terme” ?

    Une terrasse en bois, ce n’est pas qu’une histoire de couleur : c’est un compromis entre esthétique, confort, durabilité et entretien. Autrement dit, mieux vaut se poser ces questions maintenant plutôt que de les subir dans 3 ans.

    Les grandes familles de bois pour terrasse

    Pour simplifier, on peut classer les bois de terrasse en trois grandes familles :

    • Les bois résineux : les plus économiques
    • Les bois exotiques : les plus durables… et les plus chers
    • Les bois thermotraités : l’alternative intéressante, de plus en plus utilisée

    On va les passer en revue, avec leurs forces, leurs faiblesses, et quelques vérités que les catalogues oublient parfois de mentionner.

    Les bois résineux : l’entrée de gamme… mais pas forcément au rabais

    Les bois résineux les plus utilisés en terrasse sont :

    • Le pin traité autoclave (le grand classique)
    • Le mélèze
    • Le douglas

    Ce sont des bois tendres, généralement de classe d’emploi 3 ou 4 grâce à un traitement, adaptés à un usage extérieur.

    Le pin traité autoclave

    C’est le champion des terrasses à budget serré. On le reconnaît à sa couleur légèrement verdâtre (qui s’estompe) ou brunâtre, selon le traitement.

    • Avantages :
      • Prix imbattable au m²
      • Facile à trouver, facile à poser
      • Assez stable si bien séché
    • Inconvénients :
      • Aspect moins noble que d’autres essences
      • Nœuds plus visibles, risque d’échardes avec le temps
      • Durée de vie limitée si l’entretien est négligé

    Idéal pour : une première terrasse, un budget serré, une zone pas trop exposée à l’humidité stagnante.

    Le mélèze et le douglas

    On reste dans la famille des résineux, mais avec un grain plus fin et une couleur naturellement plus chaleureuse, du rosé au brun rougeâtre.

    • Avantages :
      • Plus esthétique que le pin standard
      • Plus durable que du pin non traité
      • Origine souvent locale ou européenne
    • Inconvénients :
      • Bois qui peut fendre si mal séché
      • Grisement parfois irrégulier
      • Moins durable qu’un bois exotique en milieu très humide

    Idéal pour : ceux qui veulent un bois chaleureux, avec un budget contenu, et une certaine cohérence écologique par rapport aux essences venues de l’autre bout du monde.

    Les bois exotiques : le haut de gamme durable

    Ici, on entre dans la catégorie “banc en bois sur la Côte d’Azur qui n’a pas bougé depuis 20 ans”. Les essences les plus connues :

    • Ipé
    • Cumaru
    • Padouk
    • Massaranduba

    Ces bois sont naturellement de classe 4 ou 5, très denses, très stables, et très résistants aux agressions extérieures (insectes, champignons, humidité).

    Ipé : la star des terrasses haut de gamme, avec sa couleur brun chocolat et son grain ultra fin.

    • Avantages :
      • Durée de vie excellente, souvent 25 à 40 ans avec entretien
      • Très stable, très peu de déformations
      • Aspect visuel très élégant, uniforme
    • Inconvénients :
      • Prix élevé au m²
      • Bois très dense, plus difficile à travailler (outillage adapté nécessaire)
      • Questions environnementales (transport, gestion des forêts)

    Cumaru, padouk, massaranduba : des alternatives à l’ipé, avec des teintes allant du brun doré au rouge intense.

    • Points forts :
      • Durée de vie et résistance comparables à l’ipé
      • Personnalité marquée, couleurs chaudes
    • Points à surveiller :
      • Certains peuvent être un peu plus nerveux (déformations possibles)
      • Nécessitent une visserie inox de qualité pour éviter les tâches

    Idéal pour : les terrasses très exposées, les projets “patrimoniaux” où l’on pense long terme, ou les espaces qui doivent rester impeccables visuellement (restaurants, piscines, grandes terrasses familiales).

    Les bois thermotraités : le compromis malin

    Le bois thermotraité (ou thermo-chauffé) est un bois européen (souvent frêne, pin, peuplier) chauffé à haute température pour améliorer sa stabilité et sa durabilité.

    Le traitement modifie la structure du bois, le rendant moins sensible à l’humidité et plus durable, sans ajout de produits chimiques.

    • Avantages :
      • Bonne stabilité dimensionnelle
      • Durabilité proche de certains exotiques
      • Aspect contemporain, teinte brun chaud
      • Option plus écologique par rapport à certains bois exotiques
    • Inconvénients :
      • Peut être plus cassant que le bois massif non traité
      • Demande une mise en œuvre rigoureuse (entraxe, fixation)
      • Tarif intermédiaire : plus cher que les résineux, moins que l’ipé

    Idéal pour : ceux qui veulent un rendu chic, une bonne durabilité, et un compromis intéressant entre budget, esthétique et impact écologique.

    Bois & glissance : marcher pieds nus sans finir en patinage artistique

    Une terrasse, ce n’est pas seulement “jolie vue sur le jardin”. C’est aussi un lieu où on se déplace, souvent pieds nus, parfois avec les pieds mouillés. Le choix du bois et de la finition de lame joue beaucoup sur le confort et la sécurité.

    • Lames rainurées :
      • On les croit antidérapantes, mais les rainures retiennent l’eau, les saletés et les mousses
      • Résultat : si l’entretien n’est pas régulier, ça devient une vraie patinoire
    • Lames lisses :
      • Moins de rétention d’eau, nettoyables plus facilement
      • Nor­ma­le­ment moins glissantes si bien entretenues

    Mon conseil d’ancien architecte d’intérieur qui voit les gens vivre sur leurs terrasses : privilégiez les lames lisses, surtout autour des piscines.

    Entretien : accepter le gris ou entretenir le brun ?

    Peu importe l’essence choisie : à l’extérieur, tous les bois finissent par griser sous l’effet des UV. Ce n’est pas un défaut structurel, mais une évolution esthétique.

    Deux philosophies s’affrontent :

    • Team “j’assume le gris” :
      • On laisse le bois évoluer naturellement
      • On accepte le gris argenté, parfois magnifique sur de l’ipé ou du douglas
      • On se limite à un nettoyage annuel (eau + brosse + produit doux)
    • Team “je garde la couleur d’origine” :
      • Application d’un saturateur une à deux fois par an
      • Récupération de la teinte d’origine ou proche
      • Plus de temps passé à l’entretien, mais un rendu maîtrisé

    À éviter absolument : le vernis ou la lasur sur une terrasse. Ce sont des finitions filmogènes, qui finissent par s’écailler avec les passages et les intempéries. Et là, c’est ponçage intégral… souvent un cauchemar.

    Le bon combo :

    • Nettoyage doux une fois par an (printemps)
    • Démoussant si besoin dans les zones humides
    • Saturateur si vous voulez garder la couleur (surtout sur bois exotique)

    Budget : combien prévoir selon l’essence choisie ?

    Les prix fluctuent en fonction des années, des disponibilités et de la qualité des lames, mais on peut donner des ordres de grandeur indicatifs (hors pose).

    • Bois résineux (pin autoclave, douglas, mélèze) :
      • Environ : entrée de gamme en €€
      • Idéal pour optimiser le ratio surface / budget
    • Bois thermotraité :
      • Environ : milieu de fourchette en €€€
      • Bon compromis durabilité / esthétique / coût
    • Bois exotiques (ipé, cumaru, etc.) :
      • Environ : haut de gamme en €€€€
      • Investissement sur le long terme

    À ne pas oublier dans le calcul :

    • Structure (lambourdes, plots, visserie inox) : souvent 30 à 50 % du coût de la terrasse
    • Préparation du sol : dalle béton, plots réglables, grave compactée…
    • Main d’œuvre si vous faites appel à un pro (recommandé pour les bois techniques)

    Une terrasse bien conçue, c’est comme un bon carrelage extérieur : si la base est mauvaise, aucun matériau, même exceptionnel, ne rattrapera les erreurs de départ.

    Bois, environnement et certifications : un sujet à ne pas zapper

    Le bois est souvent présenté comme matériau écologique par nature. C’est vrai… à condition de regarder d’un peu plus près d’où il vient et comment il est géré.

    Les labels à privilégier :

    • PEFC : gestion durable des forêts européennes
    • FSC : gestion responsable, souvent utilisé pour les bois tropicaux

    Quelques pistes pour un choix plus responsable :

    • Privilégier les essences locales ou européennes quand c’est possible (douglas, mélèze, frêne thermotraité)
    • Limiter les bois exotiques non certifiés, même si la couleur est magnifique
    • Penser durabilité : un bois qui tient 30 ans et évite deux remplacements complets, ce n’est pas anodin écologiquement

    Épaisseur, largeur, fixation : les petits détails qui changent tout

    Quand on visite un showroom, on regarde surtout la couleur. Sur chantier, ce qui compte vraiment, c’est :

    • L’épaisseur des lames :
      • Généralement entre 21 et 28 mm
      • Plus c’est épais, plus c’est stable et durable… mais plus c’est cher
    • La largeur :
      • Larges lames = look contemporain, mais plus de risques de déformations
      • Lames plus étroites = plus stable, dessin plus “rythmé”
    • La fixation :
      • Vis apparentes inox A2 ou A4 : la solution classique, fiable
      • Clips invisibles : esthétique plus épurée, mais pose plus exigeante, à adapter au bois choisi

    Sur certaines essences très denses (ipé, cumaru), le pré-perçage est presque obligatoire pour éviter les éclatements. C’est un détail… jusqu’au moment où vous cassez trois vis sur quatre.

    Quel bois pour quel projet ? Trois cas concrets

    Pour rendre tout ça plus concret, voici quelques cas que je rencontre souvent en rénovation.

    1. Petite terrasse de maison de village, budget serré

    Surface : 15 à 20 m², exposition mi-ombre, usage plutôt estival.

    • Essence recommandée : pin autoclave de bonne qualité ou douglas
    • Philosophie : on vise un bon rapport qualité/prix, on accepte le gris naturel
    • Entretien : nettoyage annuel, éventuellement saturateur les premières années

    2. Grande terrasse familiale autour d’une piscine

    Surface : 40 à 60 m², exposition plein sud, usage intensif.

    • Essence recommandée : bois exotique (ipé / cumaru) ou bois thermotraité
    • Critères importants : confort pieds nus, glissance limitée, bonne tenue dans le temps
    • Entretien : nettoyage + saturateur régulier si l’on veut préserver la teinte chaude

    3. Extension “pièce de vie extérieure” dans un projet contemporain

    Surface : 25 à 35 m², proche des baies vitrées, rendu architectural soigné.

    • Essence recommandée : bois thermo-chauffé ou douglas trié sans nœuds, lames lisses
    • Objectif : continuité visuelle avec l’intérieur (parquet, carrelage grand format, etc.)
    • Entretien : saturateur pour garder un ton coordonné avec l’intérieur

    Derniers conseils avant de passer commande

    Avant de valider votre devis, quelques points de contrôle qui évitent des mauvaises surprises :

    • Vérifier la classe d’emploi du bois (au minimum classe 3, idéalement 4 pour une terrasse)
    • Demander la provenance et les éventuels certificats (PEFC, FSC)
    • Regarder la qualité visuelle : nombre de nœuds, homogénéité des lames, rectitude
    • Prévoir la bonne structure en dessous : un bois d’exception sur des lambourdes au rabais, c’est comme un carrelage haut de gamme posé sur une chape fissurée… ça ne pardonne pas
    • Anticiper vos zones techniques : trappes d’accès, évacuations, pieds de garde-corps, seuils de portes-fenêtres

    Une terrasse, c’est un peu comme un tapis dans un salon : elle donne le ton. Choisir le bon bois, ce n’est pas seulement cocher la bonne référence sur un catalogue, c’est penser à la façon dont vous allez y vivre, pieds nus, en famille, l’été, sous la pluie, et dans dix ans.

    Et si vous hésitez encore entre deux essences, un dernier réflexe très simple : allez les voir en vrai, dans le temps. Une photo de catalogue montre un bois neuf. Une promenade dans un lotissement, un tour chez un artisan ou un showroom extérieur vous montrent ce que deviennent ces bois après quelques années. C’est souvent là que les choses se décident vraiment.

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